L’un des récents exemples de la qualité de la jumenterie Aga Khan est Zarkava, élevée en Irlande et entraînée en France. L’héroïne invaincue de l’édition 2008 du Prix de l’Arc de Triomphe descend de Mumtaz Mahal, une poulinière fondatrice de l’élevage acquise en 1922 par l’Aga Khan III. Zarkava incarne la continuité de gestion de courants de sang qui restent au plus haut niveau, au sein d’un élevage traditionnel. De plus, Zarkava a eu un impact considérable sur la souche, en apportant une plus-value significative à environ vingt juments de l’élevage.
Lorsque l’actuel Aga Khan commença son apprentissage de l’élevage dans les années 1960, il fut guidé par Germaine Vuillier et Robert Muller, deux spécialistes de l’élevage en France, ainsi que le Major Hall en Irlande. Dans le contexte d’une double succession lourde (celle de son grand-père puis de son père), il y eut des décisions difficiles à prendre, comme celles de vendre les chevaux à la valeur la plus élevée et les plus en vue, et de garder les chevaux les plus jeunes. Ceci aboutit à une jumenterie composée de jeunes juments au potentiel inconnu et aux performances de courses modestes. L’Aga Khan IV a donc débuté sa propre « partie d’échecs avec la Nature » sur cette base.
L’opportunité d’acheter coup sur coup les élevages de François Dupré et Marcel Boussac s’est présentée en 1977 et 1978, ce qui représentait à l’époque plus de 200 chevaux et poulinières. Parmi eux figuraient de récents ou futurs gagnants du Prix du Jockey Club tels qu’Acamas et Top Ville. L’impact de ces achats sur la génétique de la jumenterie peut être illustré par l’exemple de Darshaan, un pur produit de l’élevage Aga Khan issu d’une souche Boussac. Vainqueur du Prix du Jockey Club en 1983 (devant Sadler’s Wells et Rainbow Quest) Darshaan fut un superbe étalon : son meilleur produit, le Champion Dalakhani, lui succède à présent en tant qu’étalon au sein de l’élevage, et l’impact de Darshaan comme père de mère est remarquable : à ce jour, ses filles ont produit 33 gagnants de Groupe I, et Darshaan est classé deuxième des étalons père de mère en Europe en 2011.
La base génétique de la jumenterie Aga Khan a été de nouveau élargie en 2005 grâce à l’introduction de lignées nord-américaines issues de l’élevage Lagardère et qui ont été croisées avec Linamix avec tant de succès. Ces lignées ont été étudiées et les croisements analysés avec la même attention que celle portée aux juments Boussac et Dupré en leur temps. L’intégration de ces nouvelles familles a déjà porté ses fruits, ayant produit les gagnants de Groupe I Rosanara (Sinndar), Siyouni et Varenar.
Les étalons Aga Khan sont également bien soutenus par cette illustre jumenterie et le succès de ces familles n’a jamais été aussi évident, tant sur les champs de courses que sur les rings de vente.
Tony Morris évoque l’impact de l’élevage Aga Khan en ces termes:
"J’avoue ne pas avoir fait les recherches nécessaires pour prouver mes propos, mais je serais prêt à parier une somme d’argent substantielle sur le fait qu’il n’existe pas aujourd’hui dans le monde un pur-sang de qualité qui ne descende pas d’un cheval Aga Khan. En fait, je serais prêt à aller plus loin et à défier quiconque aurait un surplus de temps libre – quelqu’un qui entamerait une peine à perpétuité par exemple – de me montrer le pedigree de n’importe quel pur-sang en vie, bon ou mauvais, n’importe où dans le monde, qui n’ait pas de lien avec l’élevage Aga Khan. L’impact sur la race pur-sang du troisième et du quatrième détenteur de ce titre, ainsi que celui du Prince Aly Khan dans l’intervalle, est tout à fait phénoménal."Source: European Bloodstock News, 07/07/2010
La jumenterie irlandaise et française est aujourd’hui composée d’environ 190 juments, un nombre subtilement géré afin de garder un nombre égal de poulinières d’année en année, et donc en vendant régulièrement.
Lorsqu’elles arrivent sur le marché, ces juments issues de familles soigneusement cultivées depuis des générations, sont souvent recherchées par d’autres éleveurs. Ces propos tenus dans l’European Bloodstock News semblent le confirmer:
"L’Aga Khan est un éleveur chez lequel il faut acheter... Il fait du vide régulièrement... Il lui arrive donc inévitablement de se séparer d’une pouliche qui peut devenir un atout pour un autre éleveur, ou d’une poulinière dont le pedigree peut s’améliorer au fur et à mesure grâce aux descendants de cette famille que l’Aga Khan a conservés."
De nombreuses juments ont ainsi fait le succès de leur nouveau propriétaire en produisant des gagnants de Groupe I tels que Seal Of Approval en 2013, Igugu, Dar Re Mi et son frère Rewilding, Arcano ou encore High Chaparral.