1939 f. n. Tourbillon - Djezima (Asterus)
Au sommet de sa réussite, l’empire de l’élevage de Marcel Boussac reposait sur un programme d’inbreeding, renforçant souvent la présence de ses étalons clés : Asterus, Pharis, Tourbillon et son fils Djebel. Tourzima fut l’un de ces produits, étant une fille de Tourbillon et de Djezima, une jument par Asterus, et présentant un inbreeding en 2x2 sur les propres frères et sœurs Durban et Heldifann (issus de Durbar et Banshee). Boussac suivit ensuite un schéma similaire en croisant Djezima avec Djebel, donnant naissance à Djeddah, vainqueur des Eclipse Stakes en 1949.
Tourzima ne se révéla pas du même calibre, remportant une seule course à l’âge de deux ans pour Boussac, mais elle devint une poulinière d’une immense importance, dont l’influence perdure aujourd’hui dans l’élevage du pur-sang. Elle fut une jument clé pour Boussac, notamment en tant que mère de Corejada, lauréate de la Poule d’Essai des Pouliches et des Irish Oaks en 1950, année durant laquelle son propriétaire remporta six classiques européens. À son tour, Corejada donna naissance à Apollonia, gagnante de la Poule d’Essai des Pouliches et du Prix de Diane en 1956.
Boussac régnait alors en maître, mais vingt ans plus tard, son élevage connut un sérieux déclin. L’importance de la lignée de Tourzima est illustrée par le fait qu’elle continua à produire des champions, offrant même à Boussac son dernier vainqueur classique avec Acamas, lauréat du Prix du Jockey Club en 1978.
À ce stade, les chevaux de Boussac allaient passer sous la propriété de l'Aga Khan. La famille d’Acamas, issue de Tourzima par l’intermédiaire de sa fille Gloriana (placée au niveau Groupe 3), s’avéra être une récompense précoce pour cet investissement. Elle donna naissance à Akarad, vainqueur du Grand Prix de Saint-Cloud en 1981, puis à la championne Akiyda, lauréate du Prix de l’Arc de Triomphe en 1982. Tous deux étaient demi-frères et sœurs d’Acamas, étant issus de Licata, gagnante du Prix de Malleret.
Cette famille remarquable a continué à se distinguer au fil des années. La branche descendant d’Albanilla, gagnante du Critérium de Maisons-Laffitte en 1953 et sœur de Gloriana, offrit à l'Aga Khan son vainqueur du Prix du Jockey Club en 1984, Darshaan, qui devint par la suite un étalon de premier plan au Gilltown Stud. Cette lignée prospère encore aujourd’hui, notamment en tant que source de Dar Re Mi, multiple gagnante de Groupe 1 pour le Watership Down Stud, et de son fils champion Too Darn Hot, aujourd’hui un jeune étalon prometteur.
Albanilla est également à l’origine de la célèbre famille « E » de l’Aga Khan, dont la fondatrice fut Ebaziya. Présentant un inbreeding sur Albanilla en tant que fille de Darshaan, Ebaziya, gagnante de Listed, engendra quatre vainqueurs de Groupe 1, allant de la championne Edabiya, meilleure pouliche de 2 ans, à Ebadiyla, gagnante des Irish Oaks, en passant par les vainqueurs de l’Ascot Gold Cup, Enzeli et Estimate.
La famille d’Ebaziya a de nouveau atteint les sommets classiques en 2024 grâce à Ezeliya, lauréate des Oaks pour l'Aga Khan, dix ans après la victoire dans la même course d’une autre membre de cette lignée, Taghrooda, championne de Sheikh Hamdan et fille de Sea The Stars.
Par ailleurs, le vainqueur du Derby 2000 de l’Aga Khan, Sinndar, appartient à la branche issue de Bielka, une fille de Tourzima née en 1960 et restée inédite. Elle représentait un changement de stratégie pour Boussac, étant une fille de Coaltown, un grand compétiteur américain importé du Kentucky pour apporter du sang neuf à l’élevage en France – une tentative qui eut peu d’impact. Issu de Sinntara, une jument par Lashkari et gagnante de Listed, Sinndar réalisa une carrière exceptionnelle, s’adjugeant notamment l’Arc, l’Irish Derby et les National Stakes. Il devint ensuite un étalon à succès pour les Aga Khan Studs en Irlande et en France.
Aujourd’hui, la lignée de Tourzima reste solidement représentée au sein des Aga Khan Studs, entre les familles d’Albanilla à travers Ebaziya, et de Bielka à travers Sinntara.