Ce fut l’année pendant laquelle il entreprit de créer le centre d’entraînement d’Aiglemont, à Gouvieux, près de Chantilly. 108 boxes, divisés en six barns, sont situés dans une ambiance merveilleusement tranquille. La proximité des pistes des Aigles en fait un cadre idéal pour l’entraînement quotidien des chevaux.
L’Aga Khan fit deux importantes acquisitions successives en achetant les effectifs Dupré et Boussac. La fusion de ces courants de sang étrangers se fit bientôt remarquer sur les champs de courses. Le nombre de juments de l’Aga Khan augmenta de 75 en 1977 à 164 en 1980. Ce chiffre est maintenant considéré optimal pour son élevage. Après cette augmentation, la décision de reprendre les courses en Angleterre fut prise. En 1978, des yearlings furent envoyés à l’entraînement chez Sir Michael Stoute à Newmarket et chez Fulke Johnson-Houghton à Blewbury. Le nouvel investissement porta très vite ses fruits quand Top Ville - gagnant de Groupe à deux reprises à deux ans - progressa de deux à trois ans pour remporter le Prix du Jockey Club.
Le dernier des grands chevaux entraînés par François Mathet fut la pouliche Akiyda qui, quelques mois avant la mort de son entraîneur, remporta le Prix de l’Arc de Triomphe en 1982. Yves Saint-Martin la lança vers la tête du peloton à quatre cents mètres du poteau, mais dut repousser les attaques d’Awaasif, April Run et Ardross. Elle se défendit comme une diablesse, et réussit à contenir l’attaque du stayer irlandais Ardross d’une tête. Akiyda, élevée par l’Aga Khan, issue d’une lignée Boussac par Labus et Licata (Abdos), descendante de Tourzima, fut la dernière pouliche de trois ans à gagner l’Arc avant Zarkava en 2008.
Parmi d’autres excellentes pouliches élevées par l’Aga Khan depuis 1960, on compte les sept gagnantes du Prix de Diane : Shemaka, Vereva, Zainta, Daryaba, Zarkava, Sarafina et Valyra ; les gagnantes classiques : Masarika, Zalaiyka, Ebadiyla, Shawanda et Kastoria ; et les gagnantes de Groupe I : Sharaya, Darara, Behera, Timarida, Edabiya Shamdala, Rosanara, Shalanaya et Daryakana. Parmi toutes ces pouliches, Daryakana descend d’une famille Boussac et Sarafina d’une lignée Dupré.
L’achat de la jument Miss Melody en décembre 1976 à Newmarket permit à Son Altesse d’investir dans la famille qui avait produit St Paddy, Great Nephew et le père de Northern Dancer, Nearctic. Saillie par Thatch, le produit qui en résulta fut Masarika, trois fois gagnante à deux ans, y compris du Prix Robert Papin. L’année suivante elle trouva une ouverture au dernier moment pour venir remporter une Poule d’Essai des Pouliches courue dans un temps très rapide. Shemaka, de la famille de Shahrastani, descendant de Pale Ale, offrit à l’Aga Khan son premier Prix de Diane en battant Baya d’une courte tête. Le Prince a depuis gagné le Prix de Diane trois années de suite, avec Vereva en 1997, Zainta en 1998 et Daryaba en 1999. Plus récemment, Zarkava, Sarafina et Valyra ont brillé dans cette épreuve en 2008, 2010 et 2012 respectivement. En 2012, Son Altesse a ainsi établit un nouveau record pour le nombre de victoires dans le Prix de Diane, record qu’il détenait à égalité avec Auguste Lupin jusque-là. Les pouliches de M. Lupin se sont imposées dans la seconde partie du 19ème siècle.
Du côté de la mère, Sharaya était une arrière-petite-fille du gagnant du Derby St Paddy et de la famille d’Éclair. Sa victoire dans le Prix Vermeille en 1983 fut accomplie de la manière la plus difficile, de bout en bout sous Yves Saint-Martin, mais avec toujours assez de réserves pour repousser l’attaque d’Estrapade de deux longueurs. La victoire de Darara dans le Prix Vermeille fut encore plus facile puisqu’elle prit l’avantage au début de la ligne d’arrivée et ne cessa de gagner des longueurs sur Reloy, sa plus proche adversaire, jusqu’au fil. Depuis la marge gagnante de cinq longueurs n’a jamais été égalée. La mère de Darara, Delsy, faisait partie de l’effectif Boussac, et deux ans plus tôt elle avait mis bas le gagnant du Prix du Jockey Club, Darshaan, pour l’Aga Khan.